Les cadeaux insoupçonnés de la souffrance

Bonjour belles âmes,

J’ai envie d’aborder un sujet un peu déprimant aujourd’hui, pour aller avec la grisaille de novembre. Il est toutefois étrangement réconfortant. J’ai trouvé apaisant d’en entendre parler ainsi. Aujourd’hui, abordons la souffrance.

Le new age, la loi de l’attraction, le développement personnel et compagnie nous font souvent croire que souffrir n’est pas normal. Ce serait le résultat de notre « basse vibration », nous aurions attiré nos malheurs. Ou peut-être traversons nous une nuit noire de l’âme ou un retour de Saturne. Dans tous les cas, ces excuses détournent notre attention de la situation et nous font croire que c’est « mal » et qu’il faut s’en sortir le plus vite possible à coup de pensées positives pour retrouver notre « haute vibration ».

Un des problèmes avec toutes ces croyances est qu’elles ignorent complètement une Vérité (avec un grand V oui!) : la souffrance est inévitable et fait partie de l’expérience humaine. Elle n’est la faute de personne. Elle est désagréable oui, parfois déchirante, bouleversante. Elle peut nous démolir, nous scier en deux. Mais elle a un but : nous rebâtir, en mieux.

On dit que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Je dirais surtout que cela nous rend meilleur. Avez-vous remarqué que les gens incroyables - ordinaires et extraordinaires - ont généralement vécu de grandes souffrances? Ils ont dû faire face à l’adversité, puiser dans la résilience et ainsi, ils ont développé de grandes qualités humaines.

Certes, on peut se laisser dévorer par le chagrin et cultiver l’égocentrisme et la méchanceté. Le chemin du coeur n’est pas automatique, il faut le choisir, armé.e de courage. Lorsqu’on prend cette voie, on développe notre compassion, paix, empathie, sérénité, douceur, présence, ouverture, lumière intérieure et tellement plus!

Je sais qu’à travers la maladie, les nombreux deuils des deux dernières années et les handicaps, je suis devenue une bien meilleure personne. Je suis très loin de la femme stressée, ambitieuse, critique, qui se plaint sans cesse, dure, anxieuse et égocentrique que j’étais. Toute ma dureté a fondu avec les épreuves. Mon coeur est devenu si ouvert, sans barrières protectrices, que je suis constamment touchée par la vie. Une belle chanson, un dessin de ma fille ou la voir s’amuser, un couple qui s’aime encore après des années, une jolie phrase dans un livre, mon chat qui vient se coller, un geste généreux sans arrière-pensée… tout m’émeut. Je pleure dès que je ris un peu fort ou que je ressens une émotion qui est un peu plus que neutre. Mon corps vit au ralentit, mais mon coeur vit intensément, profondément. Mon coeur ressent et c’est à partir de lui que je vis. Quel cadeau!

Rien de toute cette beauté quotidienne n’aurait été accessible sans toute la souffrance qui a marqué mes dernières années. Elle m’a brisée, puis reconstruite, de façon formidable.

Un pasteur que j’aime beaucoup citait récemment un homme (dont j’oublie le nom, mille excuses) qui a écrit ces mots au fond de sa cellule de prison, au coeur de la pire souffrance de sa vie : « la souffrance est comme un institut de beauté pour l’âme ». Et c’est exactement ça. On en ressort tellement beau et resplendissant de l’intérieur. Elle nous ouvre en deux pour qu’on en émerge plus bon, plus humain et plus vivant que jamais.

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